Le CIRCEFT, EA 4384, est une unité de recherche multi-sites dont le rattachement principal est l’Université Paris 8 Saint-Denis et le rattachement secondaire l’Université Paris-Est Créteil. Il accueille 31 enseignants-chercheurs titulaires (8 PR, et 22 MCF, dont 2 HDR), appartenant à différentes disciplines (essentiellement Sciences de l’éducation, mais également Sociologie, Sciences du langage, Langue et littérature française, Langues et littératures anglophones), et en poste soit à Paris 8 soit à l’UPEC (dans sa composante INSPÉ), ainsi que 5 PR émérites qui participent très activement aux activités du laboratoire et continuent à encadrer des travaux de thèse ; et plus d’une cinquantaine de doctorants.
Le CIRCEFT est une des unités de l’École doctorale Pratiques et théories du sens de l’Université Paris 8 (ED 31) et tous ses doctorants sont inscrits dans le cadre de cette ED. Certaines de ses activités et collaborations de recherche ou de formation s’inscrivent dans le cadre de la Comue Paris Lumières (UPL) ou de la SFR Recherches en éducation et formation de l’INSPÉ de l’Académie de Créteil,
Les objectifs et les activités scientifiques du CIRCEFT se situent dans le domaine de la recherche fondamentale, et visent, en mettant en œuvre des approches interdisciplinaires, à produire des connaissances et analyses rigoureuses et documentées sur les politiques, les processus et les phénomènes éducatifs dans les sociétés contemporaines. Il s’agit, pour les chercheurs et doctorants de l’unité, de travailler à mieux comprendre les relations complexes – et toujours situées dans des contextes socio-historiques, dans des rapports sociaux de classe et de genre, des processus singuliers et subjectifs, des enjeux et pratiques de savoir et de pouvoir – entre les évolutions et contradictions contemporaines des diverses institutions éducatives et celles des processus de « fabrique » des sujets et des subjectivités, de leurs trajectoires scolaires et sociales. Les EC de l’unité peuvent également être amenés à conduire des recherches visant à expérimenter des dispositifs ou des interventions dans des classes et des établissements, ou relevant de l’accompagnement d’équipes professionnelles ou de l’analyse de pratiques engagées sur des terrains divers, en particulier en éducation prioritaire ou dans des contextes ou quartiers dits « difficiles ».
S’ils s’adressent prioritairement à la communauté de recherche en éducation et aux collectifs qui y contribuent dans les différentes disciplines de SHS, les travaux menés au sein du CIRCEFT sont en rapport étroit avec les problématiques des acteurs du champ éducatif et scolaire, avec la formation et l’accompagnement de ses professionnels, avec la mise en œuvre des politiques et dispositifs éducatifs, aux différents niveaux (du local au national) des institutions concernées.
Le CIRCEFT est structuré en deux collectifs de travail (axes thématiques), qui ont chacun leurs programmes et orientations de recherche, lesquels ne se développent pas de manière parallèle et séparée, mais sont structurés par quatre orientations communes et transversales.
Les deux axes thématiques du CIRCEFT
- Le collectif Clinique de l’éducation et de la formation (CLEF) regroupe 2 PR, 1 PR émérite et 4 MCF, ainsi que plusieurs associés et jeunes docteurs. Trois types d’approches (psychanalytique, socio-clinique et institutionnelle) sont mobilisés pour étudier les mutations contemporaines affectant les constructions subjectives et identitaires, ainsi que les liens sociaux, dans le champ des institutions socio-éducatives, du soin et de l’enseignement. En savoir plus.
- Le collectif Éducation et Scolarisation (ESCOL) fédère 5 PR (plus 3 PR émérites), 16 MCF (dont deux MCF-HDR) et une demi-douzaine de chercheurs associés ou jeunes docteurs. Il mène, depuis sa création (alors comme EA autonome) il y a plus de 30 ans, des recherches qui visent à étudier et mieux comprendre le renouvellement des processus de production des inégalités – sociales, sexuées et territoriales – en matière de scolarisation et d’accès aux savoirs, aux modes de travail intellectuel et aux pratiques culturelles. Ses travaux portent essentiellement sur les processus de socialisation scolaires et non-scolaires, les politiques éducatives, ou encore les pratiques d’enseignement et d’apprentissage. En savoir plus.
Les quatre orientations communes et transversales
Ces orientations font l’objet de séminaires et journées d’études transversaux.
Une première orientation transversale traite des évolutions historiques et contemporaines des conceptions de l’enfance et de l’adolescence, de la culture et de l’éducation, ou encore des politiques éducatives et des institutions dans lesquelles elles prennent formes et contenus (systèmes éducatifs, institutions de l’enfance et de l’adolescence « normales » ou « irrégulières », diplômes et curriculums…). Les différents thèmes contribuent à cette thématique, par leurs approches théoriques, disciplinaires et méthodologiques propres, et par leurs travaux portant, entre autres, sur : les évolutions du ou des systèmes scolaires, des politiques éducatives (notamment des politiques d’éducation prioritaire et des politiques similaires, ou des politiques portant sur les certifications et les diplômes), de la « forme scolaire », des curriculums et des supports de travail proposés aux élèves ; celles des institutions de l’Éducation populaire et de l’Éducation spécialisée (se traduisant, entre autres, par un processus d’universitarisation de la formation de leurs professionnels) ; les processus transgénérationnels de transmission et les aléas des constructions identitaires et de la subjectivation ; les évolutions des conceptions de l’enfance et de l’adolescence mais aussi de la socialisation, des savoirs et des apprentissages ; l’Éducation nouvelle et les théories et doxas pédagogiques, leurs sources, leurs modes de diffusion, de circulation et de réception, leurs influences…
La période contractuelle à venir devrait voir se développer les dimensions de comparaison et de collaboration internationales de la mise en œuvre de cette thématique, attentives : d’une part, à mieux penser les rapports entre, d’un côté, les évolutions « macro-sociales » et les évolutions et transformations observables au niveau international et, de l’autre, leur hybridation et leurs transformations à l’épreuve des divers contextes nationaux ou infra-nationaux (tout particulièrement des contextes de vulnérabilité et de précarité économiques et sociales) ; d’autre part à mieux élucider les épreuves, nouvelles ou reconfigurées, auxquelles ces évolutions soumettent les institutions et leurs professionnels, mais aussi les processus de subjectivation de ces professionnels et des enfants, adolescents et jeunes adultes auxquels ils s’adressent.
Une autre dimension transversale de l’activité du CIRCEFT porte sur les nouveaux modes de division sociale du travail éducatif, au sein de chaque type d’institution (scolaire, éducation spécialisée, travail social, petite enfance, soin…), entre elles, ou encore entre elles et les autres milieux de socialisation et d’acculturation des sujets. Les travaux s’inscrivant dans cette thématique concernent : la mise à l’épreuve des identités et pratiques professionnelles, entre nouvelles normativités et prescriptions, développement des pouvoirs d’agir et de penser, réflexivité et positionnements éthiques ; la circulation des savoirs, des outils et artefacts (dont les outils numériques), des idéaux, doxas et idéologies entre milieux professionnels, leurs usages et leur influence dans les différents contextes d’exercice ; ou encore les modes de renouvellement intergénérationnels en cours dans les différents métiers et institutions de formation considérés. Ils s’intéressent particulièrement aux mises à l’épreuve, voire à l’affaiblissement des idéaux, conceptions et croyances professionnels, ainsi qu’aux pratiques et des dispositifs qu’ils sous-tendent, dans des contextes socio-institutionnels de confrontation aux populations scolaires et aux fractions de l’enfance et de la jeunesse les plus fragilisées et précarisées. Il s’agit également par-là de mieux penser les évolutions et les vicissitudes des processus de professionnalisation, dans la formation initiale et continue et dans les dispositifs d’analyse de pratiques professionnelles. Cette thématique des nouveaux modes de division sociale du travail éducatif sera l’objet d’une journée d’études organisée en commun par les trois collectifs composant l’unité durant l’année 2019.
Une troisième dimension transversale porte sur l’étude du renouvellement des processus de production des inégalités sociales, sexuées et territoriales d’accès aux différents niveaux et filières de formation, aux savoirs et techniques intellectuelles, et des processus de décrochage et de déliaison qui leur sont liés. On s’intéresse ici à la rencontre entre les adaptations contextualisées des contenus, pratiques et dispositifs d’enseignement et les dispositions, rapports aux savoirs et pratiques scolaires et culturelles des élèves ou étudiants, ainsi qu’aux modes de confrontation entre les différents univers normatifs que sont les milieux de vie de ces derniers (école, famille, groupes de pairs, dispositifs et équipements périscolaires et culturels…), et aux modes de circulation d’objets et de pratiques culturels ou de rapports au langage, à l’étude, à l’avenir et au travail d’historisation. Les processus de construction de l’inégalité scolaire et les processus de « marginalisation » ou de désaffiliation sociale qui peuvent leur être liés sont étudiés, d’une part en travaillant à mettre en œuvre les « jeux d’échelle » (Revel, 1996) qui permettent de pluraliser et de renforcer les effets de connaissance que l’on peut obtenir en faisant varier et se compléter les focales, les niveaux de contexte et les registres de temporalités avec lesquels on étudie et analyse la structure feuilletée du social, d’autre part, en ayant le souci de penser et étudier les relations entre processus de pensée et affects, ou entre les composantes « cognitives » et « subjectives » de l’expérience scolaire et de la socialisation des enfants, adolescents et jeunes adultes. De même on vise ici à mieux articuler la dimension des rapports sociaux de genre, celle des rapports sociaux de classe et des processus de domination sociale, et celle des processus de ségrégation résidentielle, sociale et scolaire, dans l’étude des modes de rapports aux savoirs et à la scolarisation des différents types d’élèves scolarisés dans différents contextes, filières et niveaux de formation.
Une quatrième dimension transversale concerne la réflexion épistémologique, l’élaboration conceptuelle, la pluralité et l’inventivité méthodologiques qui nous permettent d’aborder nos objets de recherche sous différents angles, en conjuguant différentes approches théoriques ou disciplinaires et à partir de données et matériaux de natures très diverses. La réflexivité collective sur cette dimension est bien sûr indispensable aux échanges et aux débats et controverses sans lesquels tout collectif de recherche est condamné à se répéter et s’étioler, ainsi qu’à la formation de nos étudiants de Master et de Doctorat. Nous portons ici une attention particulière : aux complémentarités des différentes approches théoriques et méthodologiques ainsi qu’à l’élucidation des apports et limites de chacune, et des « jeux d’échelle » que permet leur articulation ; aux rapports d’interrogation et d’anticipation réciproques entre le registre de l’élaboration conceptuelle et théorique, et celui de l’enquête empirique ; à l’articulation des dimensions diachronique et synchronique des faits et des processus étudiés ; à l’objectivation et à l’élucidation du rapport – social et subjectif – du chercheur à ses objets et terrains de recherche, et aux personnes auprès desquelles il enquête et intervient. Cette attention particulière vise plus précisément :
- la remise en chantier de la thématique (ancienne pour au moins deux des collectifs de l’unité) du ou des rapport(s) au(x) savoir(s), de leurs processus et modalités – instrumentaux et subjectifs – de construction, d’élaboration et de transformation, ancrés dans des contextes historiques et sociaux ;
- les questions du rôle du langage et des différentes pratiques langagières (du récit à l’argumentation) dans les modes d’expérience scolaire, professionnelle et sociale, mais aussi dans le travail de recherche ;
- celles des rapports entre processus sociaux et processus subjectifs ;
- celles enfin des rapports entre enfances ou éducations « ordinaires » d’un côté, marginales, précarisées, irrégulières ou spécialisées de l’autre, voire entre « normal » et « pathologique » au cœur des processus et des institutions éducatifs.