RECHERCHES EN COURS
Pour comprendre les processus de production des inégalités scolaires, différentes recherches sont conduites, qui contribuent à deux grandes questions complémentaires : les recherches sur les curriculums scolaires (ce qui s’enseigne et s’apprend) et celles sur les relations entre les formes de socialisation scolaires et non scolaires. Selon les cas, ces recherches portent sur un ou plusieurs niveaux d’analyse : le niveau des politiques et des institutions éducatives et de leurs évolutions socio-historiques ; le niveau des situations de socialisation et de scolarisation ; l’échelon intermédiaire des modes, des objets et des dispositifs de socialisation et de scolarisation.
Recherches sur les curriculums
Un premier ensemble de recherches porte sur les curriculums scolaires entendus au sens large du rapport entre contenus, supports, outils et dispositifs pédagogiques, pratiques prescrites et types de pratiques récurrentes.
- La comparaison internationale des politiques éducatives (politiques d’éducation prioritaire, politiques de massification universitaire… ), et en particulier de leurs composantes curriculaires (recherche sur les politiques de lutte contre les inégalités, en France, en Europe, en Amérique latine…) ;
- l’étude (comparaison nationale) des retraductions curriculaires qui sont liées aux évolutions de la forme scolaire dans des classes à profil (Classes à Horaires Aménagées) ou dans des dispositifs de scolarisation spécifique (internats d’excellence, dispositifs « relais » et « nouvelle chance »), des partenariats culturel sous des dispositifs périscolaires (ateliers culturels, aide aux devoirs…) ;
- l’étude diachronique des évolutions des curriculums et des supports de travail (manuels, cahiers, fiches, littérature de jeunesse) dans différentes disciplines scolaires et de grés de systèmes, comparaison qui permet de mieux comprendre les exigences intellectuelles auxquelles les élèves sont confrontés aujourd’hui ;
- l’étude des modes d’adaptation des curriculums selon les contextes sociaux des établissements et selon les profils des classes au sein des établissements (en ZEP et ailleurs, entre filières du lycée, ou entre collèges : classes à horaires aménagées ou pas) – recherche conduite en partenariat dans le réseau RESEIDA ;
- le rôle de l’écrit et des pratiques de lecture et d’écriture dans la scolarisation : étude diachronique (évolution des formes de rédaction… ) et synchronique (types d’écrits selon les contextes de scolarisation, types de dialogues qui accompagnent l’enseignement de la lecture et de l’écriture) – notamment une recherche inter-laboratoire sur les premiers apprentissages ;
- l’analyse des évolutions des curriculums de la formation d’enseignants et d’autres professionnels de l’éducation et de la manière dont les questions curriculaires y sont posées et traitées (notamment une recherche en partenariat dans le réseau RESEIDA sur la circulation des savoirs entre recherche, formation et terrains d’exercice professionnel).
Socialisation scolaire et non-scolaire
L’école sollicite de plus en plus des connaissances et des habitudes non enseignées. Inversement, des formes de socialisation empruntées à la scolarité se retrouvent aujourd’hui dans l’éducation familiale et au sein d’institutions d’éducation culturelle, etc. Ces différentes formes de socialisations et leurs interrelations sont donc étudiées pour comprendre leur contribution aux inégalités scolaires, par exemple au travers des pré-requis à l’école ou de la familiarisation hors l’école à ce qui est supposé être scolairement attendu. Plusieurs recherches en cours portent ainsi sur :
- Les pratiques culturelles et/ou familiales au regard des attendus scolaires (visites de musée, pratiques musicales) ;
- La socialisation littéraire dans les familles, dans les institutions de culture et de loisirs, au regard de la socialisation littéraire à l’école (choix des livres selon les milieux de socialisation, modalités de lecture des albums de littérature de jeunesse) ;
- La socialisation professionnelle et les attendus scolaires, chez les lycéens et les étudiants (relations entre enseignements « généraux » et enseignements « professionnels » en lycée professionnel ; les étudiants, leurs « jobs » et leurs débouchés professionnels).
Transversalement, cette orientation de recherche, articulée à la précédente, s’inscrit dans l’étude des évolutions contemporaines de la division sociale du travail éducatif entre les familles, l’école et les dispositifs de scolarisation (filières, classes à profil… ), les acteurs périscolaires et culturels (et les groupes de pairs dont l’étude, pour être présente dans certaines recherches, ne sera pas privilégiée dans le contrat).